La démocratie
Si aujourd’hui les Égyptiens qui n’ont rien surpassent de loin le nombre de ceux qui ont tout, la situation empire à mesure qu’on remonte le Nil, de l’emblématique cœur du printemps arabe jusqu’au plus profond de l’Afrique.
Les riches encore plus riches, les pauvres encore plus pauvres
Depuis à peu près une décennie, le continent africain connaît une expansion économique considérable, avec une moyenne de 5% de croissance annuelle au cours des dix ans qui ont précédé la crise économique de 2008. Mais à mesure que la croissance s’accélérait et que les plus fortunés —et souvent, les plus corrompus— amassaient de gigantesques fortunes, l’écart entre ceux qui conduisent de luxueuses voitures de sport et ceux qui doivent marcher derrière n’a fait que se creuser.
En Afrique du Sud, cadre de 111 manifestations l’année dernière, un groupe de recherches indépendant basé à Johannesburg estime que les inégalités sont en fait pires qu’à la fin de l’apartheid. Le coefficient Gini du pays, qui mesure les inégalités, est de 0,65, ce qui en fait le deuxième pays le plus inégalitaire de la planète.
Révélation qui, sans surprise, n’a pourtant pas empêché les 40 plus grosses entreprises de la place boursière de Johannesburg d’augmenter le salaire médian de leurs dirigeants de 23% l’année dernière, selon une étude de PricewaterhouseCoopers.
Mais une croissance rapide et la consommation ostentatoire qui en découle