La fauvette et l’ogre

Depuis la nuit des temps, cette histoire se répète. Ce conte à grandir debout invite à en modifier le scénario. Quoi, vous en doutez. Tous ensemble, ne sommes-nous pas capables de changer le cours des choses ?

Nous, les animaux parlons tous en chœur pour commencer ce recueil. Voulez-vous entrer dans notre façon de voir afin de regarder plus loin, plus haut, au-delà du ciel, tout en restant bien les pieds sur terre ? Elle vous aime, vous porte, vous nourrit et, nous le pensons profondément vous aide à grandir debout.

Vous êtes-vous déjà égaré dans un bois en ayant perdu tout repère ? Avez-vous tourné en rond dans des futaies reculées, sans savoir vers où se diriger, l’estomac et les tripes noués… ? La lecture de cette histoire pourrait réveiller de tels souvenirs. Par une après-midi d’été finissant, nous flânons à l’orée d’un bois. L’atmosphère est légèrement orageuse et les taons harcelants. Cependant vous êtes paisible, loin du clan, de la tribu, du groupe, de la famille. Enfin seul avec vous-même.

Soudain, dans les fourrés, un bruit vous surprend… Est-ce un mulot, une couleuvre, une caille, un faisan ? Trop occupé à savourer les mûres gorgées de soleil, vous n’y prêtez guère attention. Mais le remue-ménage persiste. Curieux, vous avancez le pied dans le fourré au sein duquel un grand lièvre vous regarde. Il ne cherche pas à fuir. Ses yeux immenses s’élargissent telle une coupole. Hypnotisé, vous voyez apparaître un être obèse, édenté, difforme. Il tient à la main une hache tachée du sang d’un jeune enfant dont la tête à demi sectionnée pend vers le sol. L’horreur de la scène vous paralyse d’autant plus que vous découvrez au fond de la pièce, dans une cage, six autres enfants qui hurlent ou gémissent. Brutalement la scène s’efface, les pupilles du lièvre ne reflètent plus maintenant que les couleurs de la forêt. Après un dernier regard, il se retire et se fond dans la pénombre du sous-bois.