La femme dans l'histoire de l'art, entre orient et occident
La femme fascine. Tour à tour mise en scène en mère aimante dans l'estampe japonaise une mère attentive au jeu de son enfant de Kitagawa Utamaro en 1803, en muse orientale dans Caprice en pourpre et or n°2, le paravent doré de James Abbott McNeill Whistler en 1997, en prophétesse futuriste dans la réalisation multimédia Nirvana de Mariko Mori, en jeune manga-fan dans la photographie Miss Ko2 de Takashi Murakami en 2004, mais aussi en femme mûre, en sainte, en présence diabolique, en amante ou en créature symbolique, la femme reste une composante essentielle de la production artistique. Sa représentation au fil des époques est un reflet fidèle des conceptions esthétiques, sociologiques et morales de la période qui l'a vu naître. Elle offre une grille de lecture pertinente à toute étude artistique. Le corpus ici présent réunit des oeuvres japonaises ou inspirées de l'art nippon. Une telle association d'oeuvres questionne la relation entretenue entre Asie et Occident. Interroger un tel lien à travers le filtre de la représentation féminine – au coeur de chacune des oeuvres – en offre une vision acérée. Cette analyse doit cependant se faire au delà de toute dichotomie simpliste entre femmes asiatiques et occidentales. Admettons le métissage qui opère entre ces deux cultures par les différents emprunts que l'une fait à l'autre et préférons l'analyse suivante : nous verrons en premier lieu comment l'image de la femme orientale peut être motivée par des critères esthétiques, puis nous questionnerons les moyens par lesquels la figuration féminine peut servir les idéologies individuelles d'artistes.
La représentation féminine est un des sujets de prédilection de Kitagawa Utamaro. Son travail répond à la fois à des références traditionnelles et à une certaine innovation esthétique. Il marque à la fois l'apogée et le commencement du déclin de l'art traditionnel de l'Ukiyo-e auquel il se rattache – l'Ukiyo-e 浮世絵 étant un mouvement artistique