Andreï Makine, La Femme qui attendait Auteur homodiégétique, Makine construit son récit à partir d'une expérience personnelle vécue quelque temps avant le moment de sa mise en forme écrite. Le roman est une sorte de témoignage recouvrant deux dimensions temporelles, un passé et un présent éternel, qui s’identifient à l’existence de Véra, personnage autour duquel se tisse sensiblement l’atmosphère du roman . Comme Makine lui–même l’a déclaré: «En Russie, être écrivain, c’est être penseur et philosophe.», on peut confirmer une constante présence dans le texte d’une ambivalence qui s’opère au niveau de la rencontre du concret et de l’abstrait, respectivement du matériel et de l’immatériel, et que Makine exploite parfois de manière presque confuse pour le lecteur. Une évidente recherche stylistique, reconnaissable par le mélange très délicat de la prose et de la poésie, témoigne du travail assez soigneux sur le langage que Makine fait, en vue de dire la vie, la mort, la souffrance, l’amour, le temps – toutes ces hypostases qui forment l’existence humaine. C’est le pouvoir du mot qui crée pour nous cette Véra, une présence intriguante aux yeux du narrateur, et qui devient pour lui un véritable guide vers un monde idéal, dont le temps est suspendu, bloqué dans un passé si éloigné et blessant, à une époque où la guerre implacable semblait avoir fait un pacte irréversible avec la mort. Matière première du roman, l’expérience de Makine se doit à une décision, prise à la suite d’un conseil venu de la part de son ami Arkadi Gorin, d’aller étudier les traditions locales – notamment celles concernant les noces et la mort – dans un village situé au bord de la Mer Blanche, appelé Mirnoïé. L’action a donc lieu 30 ans après la fin de la deuxième Guerre Mondiale. A ce temps-là, le jeune Makine fait partie des écrivains dissidents, de ceux qui se déclarent contre le régime et sa domination néfaste sur une nation naïve et impuissante. Makine