La finance
Les crises financières se sont multipliées depuis quelques années, prenant souvent la forme de crises « jumelles » (conjugaison de crises bancaires et de crises de change). Elles ont aussi changé de nature, les crises dites de première génération (avec un régime de change non soutenable parce qu’incompatible avec les déséquilibres extérieurs et budgétaires), relayées par des crises financières de deuxième ou troisième génération mettant en œuvre d’autres mécanismes et appelant d’autres réponses. Mais, quelle que soit leur nature, la plupart de ces crises restent difficiles à prévoir par les autorités monétaires nationales ou internationales, et même leur interprétation après coup est sujette à débats.
Les crises financières secouent depuis dix ans, presque sans interruption, l’économie mondiale. Elles ont été spécialement fréquentes et profondes pour les économies les plus récemment intégrées aux mouvements financiers internationaux, alors que les économies qui s’inscrivent dans une longue tradition d’intermédiation financière ont été moins sévèrement touchées.
En effet, la crise mexicaine, à la fin de 1994 et au début de 1995, ouvre le nouveau cycle. Elle est suivie deux ans plus tard, en juillet 1997, par la crise thaïlandaise, qui, se propageant à une large partie de l’Asie en 1997 et 1998, frappe la Corée, la Malaisie, l’Indonésie et les Philippines. En août 1998, c’est au tour de la Russie, et la crise russe déstabilise le Brésil à la fin de 1998 et au début de 1999. La Turquie entre en crise à la fin 2000, l’Argentine en 2001 puis le Brésil à nouveau en 2002. Dans ce sombre, et pourtant partiel, tableau des crises des économies émergentes la Chine et l’Inde font figures de rares exceptions, jusqu’à maintenant.
Pour autant, les grands pays industriels ne sont pas épargnés. Aux États-Unis, en 1998, la faillite d’un grand fonds d’investissement LTCM met en péril les équilibres financiers des marchés américains. Et à partir de 2000,