La fontaine, les animaux malades de la peste
Les animaux malades de la Peste.
Introduction : La Fontaine caractérisait l’art de la fable de la manière suivante : “En ces sortes de feinte il faut instruire et plaire.” L’avertissement de son second recueil de Fables indique au lecteur que le fabuliste “a jugé à propos de donner à la plupart de celles-ci un air et un tour un peu différent.” Première fable du livre VII et donc première de ce nouveau recueil de 1678, Les animaux malades de la Peste mettrait donc en valeur cette richesse et cette complexité plus grande que La Fontaine souhaitait instiller à son œuvre. Influencée par le conteur oriental Pilpay, cette fable acquiert une nouvelle dimension esthétique notamment au travers d’une forme de théâtralisation. Le fabuliste met en scène le royaume en proie à une épidémie de Peste (v.1 à 14). Un grand conseil politique a lieu. Le Lion, roi, déclame un discours dans lequel il met en valeur la nécessité d’un sacrifice pour apaiser les dieux et s’accuse de crimes, tout en sachant qu’il ne risque rien (v.15 à 30). Les courtisans s’empressent de le défendre et sont eux-aussi mis hors de cause (v.34 à 48). L’âne se confesse alors et finit par être accusé et exécuté (v.49 à 62). La moralité est enfin développée (v. 63-64).
Lecture : Un mal qui répand la terreur, Mal que le Ciel en sa fureur Inventa pour punir les crimes de la terre, La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom) Capable d'enrichir en un jour l'Achéron, Faisait aux animaux la guerre. Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés : On n'en voyait point d'occupés A chercher le soutien d'une mourante vie ; Nul mets n'excitait leur envie ; Ni Loups ni Renards n'épiaient La douce et l'innocente proie. Les Tourterelles se fuyaient : Plus d'amour, partant plus de joie. Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus coupable de nous Se sacrifie aux traits du céleste courroux, Peut-être il