La france se désindustrialise-t-elle?
En un demi-siècle, les mutations du système productif français ont été tellement profondes que son identité actuelle semble ne plus avoir grand chose à voir avec sa représentation traditionnelle. En effet, la France a connu, depuis une quarantaine d’années, deux épisodes qui ont bouleversé l’appareil productif et son organisation spatiale : d’abord une phase de croissance rapide, puis une phase de crise prolongée qui s’est caractérisée par un recul des effectifs, la disparition de grandes usines et une transformation du paysage industriel. En outre, l’insertion de la France dans l’économie monde, a conduit à un abandon progressif de la tradition interventionniste de l’Etat en matière industrielle (privatisations des années 80), bien que celui-ci reste le chef d’orchestre des politiques industrielles nationales. Cependant, la production ne s’est pas ralentie pour autant, et la France demeure une puissance industrielle réelle, située au cinquième rang mondial, loin derrière les Etats-Unis, le Japon et l’Allemagne, devancée dorénavant par la Chine, le nouvel atelier du monde, et en concurrence avec l’Italie et le Royaume-Uni à ce niveau.
Ainsi suite à ces évolutions, doit-on réellement parler d’une désindustrialisation française ou plutôt de mutation du système productif?
Ces évolutions ont d’une part conduit à un bouleversement du système productif, entre crise et mutation (I), et d’autre part à une recomposition de l’espace industriel dont le bilan reste en demi-teinte (II).
I. Le bouleversement du système productif : crise ou mutation ?
Face à une production et une productivité en augmentation constante, il est difficile de parler de crise de l’industrie française. Néanmoins, les chiffres de l’emploi et la disparition de pans entiers de notre industrie traditionnelle conduisent à parler de désindustrialisation (A). Mais cette désindustrialisation, sectorielle et locale, s’est accompagnée de profondes transformations de notre système