La gauche révolutionnaire
Depuis le début du XXème, l’Amérique latine est baladée entre dictature militaire et rêve de révolution populiste entretenue par des mouvements politiques influents. Après avoir profité des investissements américains et britanniques pendant longtemps, ce qui a permis le développement des modèles exportateurs, les pays d’Amérique latine vont souffrir de manière accrue de la crise de 1929 qui voit une chute des exportations très forte contraindre ces Etats à opter pour un modèle de développement des Industries de Substitutions aux Importations (ISI). Cette crise latino-américaine constitue la première onde de choc dans la pensée politique du continent.
Face à un impérialisme politique et financier (les IDE et les United Fruit) américains, la société connaît une montée de la pensée révolutionnaire de gauche, à la fois populiste et réformiste. Cependant, outre l’exemple démocratique de l’Uruguay de Battle entre 1903 et 1929 (année de son décès) qui connut l’avènement d’un Etat Providence dès 1915 (droit de grève, syndicalisation, journée de 8h, semaine de 6 jours, droit à la retraite), il s’avère que les différents mouvements révolutionnaires, fortement populistes, de l’arrière-cour américaine, furent plus autoritaire que démocratique et plus inégalitaire que providentiel.
Nous verrons dans un premier temps comment la gauche révolutionnaire s’est élaborée et quelles sont les raisons de son avènement dans le paysage latino-américain du XXème siècle. Puis nous nous interrogerons sur les limites de ces rêves révolutionnaires, tant à travers le séisme provoqué par la révolution cubaine en 1961 qu’au travers des putschs successifs qui cadencent la vie politique de l’Amérique latine tout au long du XXème siècle.
1. Les racines de la gauche révolutionnaire : entre mouvement populaire et révolte des élites ?
A. Premier témoignage de l’acceptation de la modernisation par la société, la réaction des élites : un art