La genèse de la jeune parque
C’est sous la lumière des propos de Jean Levaillant sur le statut du brouillon que nous voudrions placer notre lecture du numéro 11 de La Revue des Lettres Modernes, portant sur les études du dossier génétique de La Jeune Parque de Paul Valéry. La revue accueille douze articles des membres de l’équipe « Paul Valéry » de l’Institut des Textes et Manuscrits Modernes, C.N.R.S., qui, entre entre 2000 et 2004, ont participé aux séminaires de critique génétique consacrés à la genèse de La Jeune Parque. En effet, les études regroupées dans ce volume montrent les brouillons du poème valéryen comme l’autre du texte, où l’autre renvoie à une multitude d’aspects que nous essaierons de développer dans les lignes qui suivent.
Les brouillons se donnent à lire non seulement comme des fragments qui précèdent le texte final, mais aussi comme des « brouillons de soi » de l’écrivain, la question du Moi et du créateur étant au centre de toutes ces interrogations. L’activité du généticien consiste alors à trouver les voies de communication entre le moi du scripteur (le moi écrivant) et le moi biographique (le moi mondain), « dans la dynamique de l’écriture elle-même » (Michel Contat, L’Auteur et le manuscrit, Paris, PUF, 1991, p. 24). Ce dernier aspect nous paraît fondamental pour les approches génétique et poïétique qui observent l’écriture et la création de l’intérieur, in statu nascendi, avec les tâtonnements, les essais, les repentirs, les ratures et les aller-retour entre différents états du texte. L’Avant-propos apporte quelques éclaircissements sur les raisons d’une nouvelle approche du dossier génétique de La Jeune Parque. L’étude de la genèse du poème a déjà été entreprise à partir des 445 feuillets de brouillons par Florence de Lussy dans La genèse de La Jeune Parque de Paul Valéry (Paris, Minard, coll. Situation, 34, 1975) et par Bruce Pratt dans Rompre le silence. Les premiers états de La Jeune Parque (Paris, Corti, 1976) et Chant de