La grande désillusion
Parallèlement au dossier sur le mouvement « anti-mondialisation », nous avons souhaité revenir sur l’ouvrage de Joseph Stiglitz, paru au début de 2002, qui présente de façon fort critique le fonctionnement du FMI et son rôle dans l’économie mondiale. L’intérêt suscité par la grande désillusion tient en partie à l’identité de son auteur, ancien conseiller économique de Bill Clinton, ancien responsable de la Banque Mondiale.
2 Dans La grande désillusion, Joseph Stiglitz nous livre une analyse critique de la gestion de la mondialisation par les institutions économiques internationales. Fort de son expérience d’économiste en chef à la Banque mondiale, il examine dans un style clair et pédagogique les rouages ayant amené ces institutions, et notamment le FMI, à précipiter ou aggraver les crises qu’elles étaient censées prévenir ou guérir. Avant de passer à l’international, l’auteur présidait le Council of Economic Advisers, où son rôle consistait notamment à rechercher un équilibre entre la pertinence économique et politique des propositions faites à l’administration Clinton. L’atmosphère est fort différente au FMI, où dominent « un curieux mélange d’idéologie et de mauvaise économie, un dogme qui parfois dissimule à peine des intérêts privés » (p. 22). Les politiques y sont menées sans débat contradictoire, sous forte influence idéologique, et donnent souvent de mauvais résultats. L’auteur les qualifie même d’« antidémocratiques ».
L’impérialisme du FMI
3 Comme la Banque mondiale, le FMI est né dans la foulée de la conférence monétaire et financière de Bretton Woods de juillet 1944. Il est alors chargé de fournir un cadre de coopération économique visant à prévenir le retour aux politiques économiques désastreuses qui avaient contribué à la crise des années trente. Quant à la Banque, elle fut créée pour financer la reconstruction de l’Europe dévastée par la guerre. Aujourd’hui, si son objectif principal reste la lutte contre