La grande distribution
Aux yeux des politiciens, les petits commerçants semblent être parés de toutes les vertus. Ils seraient dit-on les "premiers employeurs de France". Ils se lèveraient "tôt le matin" et ne prendraient "jamais de congé". Ils seraient "proches de leurs clients" et leurs magasins "des espaces de convivialité". Les éloges ne manquent pas donc, pour un peu on les prendrait presque pour des héros des temps modernes.
Cependant, sans chercher à abuser de mesquineries, la réalité issue de l’expérience d’un consommateur engagé est loin de correspondre à cette fiction idyllique. Les commerces de proximité sont en fait rarement ouverts à l’heure où les jeunes actifs vont faire leurs courses, il n’y a la plupart du temps qu’un ou deux employés à disposition des clients, et on peut pas dire qu’un accueil chaleureux soit la principale caractéristique à retenir. Les propos tenus plus haut passent alors davantage pour des idées reçues que pour des faits avérés.
Mais, dans ce monde où les valeurs corruptrices de l’éphémère, de l’apparence et du superficiel étendent chaque jour un peu plus leur empire sur les décisions du politique, on comprend aisément pourquoi les petits commerçants sont autant bichonnés par le cercle consanguin qui nous dirige. Certes, bien qu’on leur promette monts et merveilles, ils en voient rarement la couleur. Ce qui va sans dire. L’important n’étant pas d’agir concrètement dans leur intérêt, mais de faire comme si.
Aussi longtemps que je m’en souvienne, il a toujours été question, quelque soit le parti politique choisi, de "défendre" le petit commerce. Contre la grande distribution j’entends, honnie telle un suppôt insupportable de l’économie de marché sensée déshumanisée. Dans chaque débat, le petit commerce est donc toujours opposé à la grande distribution, comme si une certaine forme d’incompatibilité régnait entre ces deux types de commerce de détail. Comme si l’essor de l’une ne pouvait mener