La guerre des clans : analyse de la rivalité canadiens-nordiques dans le journal la presse de l'automne 1982 au printemps 1984
« C'est encore la guerre[1] » ; « Ce n'est sûrement pas une rivalité comme les autres[2]! » ; « Le feu continue à s'attiser des deux côtés de la barricade, ça commence à chauffer entre certains[3]... » ; « La série qui peut s'étirer sur sept matches, devrait déchirer le Québec tout entier[4]. »
Non, il ne s'agit pas d'extraits de l'Iliade, ni plus que du dernier épisode de la série Lance et Compte. Ce ne sont en fait que des bribes d'articles journalistiques sportifs qui ont été publiés dans le périodique montréalais La Presse, de l'automne 1982 au printemps 1984 couvrant des matches opposant les clubs de hockey du Canadien de Montréal aux Nordiques de Québec. Non obstan cette précision, aurait-il été injuste de considérer ceux-ci comme étant de l'ordre de la fiction? Selon le journaliste et ancien enseignant dans le même domaine à l'Université Laval Jacques Guay, il semblerait que non, puisque d'après lui, « l'information doit découler de sources dont la nature fait partie de l'information. "Le journaliste […] ne fait pas de fiction[5]". » Pourquoi alors ces extraits sont-ils susceptibles d'être confondus avec de la fiction, telle qu'on la retrouve dans la littérature? Parce que les écrits journalistiques, bien que l'on ne puisse leur apposer d'emblée l'étiquette "fiction"de part leur fonction essentiellement informative, relèvent tout de même de ce qu'une pléiade d'experts en analyse du discours appellent ''pratiques signifiantes[6].» Suivant ce constat, ce travail montrera comment le quotidien La Presse a conçu un imaginaire de champs de bataille politique à l'échelle provinciale par le truchement de la couverture de la rivalité Canadiens-Nordiques entre septembre 1982 et avril 1984 afin de convaincre le peuple que l'”ennemi” ne se trouve pas ailleurs, mais bien chez soi. L'analyse du corpus reposera sur une approche méthodologique faisant appel aux théories de la pragmatique et de la rhétorique. La thèse sera étayée par la mise en