La guerre juste
Introduction
Les interventions au Vietnam, au Kosovo, à Panama, en côte d'Ivoire, en Afghanistan ou en Irak en 1991 étaient-elles justifiées ou plus exactement étaient-elles "justes ?" Si la guerre annoncée contre l'Irak est juste, comment doit-elle être menée ? Quelle différence existe-t-il entre la guerre annoncée contre le gouvernement irakien et celle contre les combattants islamistes ? En quoi les incursions israéliennes dans les territoires occupés par les Palestiniens sont-elles justifiées ? Autant de questions qui agitent les commentateurs et les gouvernements alliés des Etats Unis. Ces questions reçoivent normalement une réponse cohérente si l'on se reporte à la notion de "guerre juste".
La théorie de la guerre "juste" traite de la justification de la guerre (jus ad bellum) et comment elle doit être menée (jus in bello) pour respecter les principes moraux qui sous tendent nos actions individuelles ou collectives. Il s'agit donc d'une réflexion morale sur les buts et les moyens de la guerre à partir d'une vision éthique des interactions humaines. On devine immédiatement que les désaccords auront pour origine les différentes visions que l'on a de la morale. On peut brièvement rappeler cette doctrine de la guerre juste en se reportant à l'article de R.L. Holmes[1]. Celui-ci résume cette théorie en s'appuyant en fait sur une conférence organisée par des évêques catholiques qui reprennent une théorie de la guerre développée par saint Augustin et saint Thomas D'Aquin.
En effet la théorie de la guerre juste a une longue histoire. Sans remonter à la Bible, ni à Aristote, on peut créditer saint Augustin puis saint Thomas Aquinas[2] de la première présentation systématique de cette théorie. Il y discute non seulement la justification de la guerre mais aussi le type de comportement qui doit être adopté dans de telles circonstances. Les arguments de saint Thomas d'Aquin vont devenir un modèle pour les scolastiques et