Depuis quelques années, répondant à une importante demande de la part du public, on assiste en France à un renouveau des publications des carnets de guerre et des souvenirs d’anciens combattants de la Grande Guerre. Parallèlement, Ceux de 14 de Maurice Genevoix et Orages d’acier de Ernst Jünger sont devenus, aujourd’hui, presque des » classiques ». Nicolas Beaupré nous offre, dans son livre Écrire en guerre, écrire la guerre, un regard nouveau sur le sujet notamment en comparant la France et l’Allemagne. Il décortique et étudie l’écriture en guerre et l’écriture de la guerre entre 1914 et 1920. La combinaison de l’écriture et de l’expérience guerrière n’est pas nouvelle : qui ne connaît pas les cahiers du capitaine Coignet ? Pourtant, la Première Guerre mondiale introduit, comme dans bien des domaines, la nouveauté. En mettant en exergue les écrivains combattants dans les sociétés en guerre, Nicolas Beaupré démontre que l’engagement des écrivains dans la guerre aboutit à de nouvelles pratiques : témoigner tout en gardant les outils propres aux écrivains. Pour quelles représentations ? La violence et les souffrances dans les littératures combattantes permettent-elles de « justifier l’effroyable » ? De fait, Nicolas Beaupré démontre que la guerre a bouleversé la pratique des milieux littéraires et les contributions des gens de lettres. Ce phénomène des écrivains combattants (écrivains devenus combattants, combattants devenus écrivains et écrivains de l’arrière) est similaire de part et d’autre du Rhin jusqu’en 1920. La fin de la guerre conduit à la démobilisation de cette littérature guerrière. Le temps des écrivains combattants cède la place aux écrivains survivants. Nicolas Beaupré, dans son ouvrage remarquable, évoque alors les transformations de l’écriture de la guerre. Celle-ci se différencie nettement, dès 1920, en France et en Allemagne. Elle suit le destin de chacun des deux pays alors que l’auteur évoque l’évolution du genre, qui de témoignage, devient