La jeune veuve
La première strophe introduit une première situation de communication, dans laquelle le fabuliste s'adresse directement au lecteur. L'absence de marque de la 1re pers. pourrait porter à croire que le locuteur n'est pas spécifié. Or, à l'avant-dernier vers, le pronom on prend la valeur d'une 1re pers. du pluriel, référant à la fois au destinataire et au locuteur (le fabuliste), ce qui contribue à établir une relation de complicité avec le lecteur. (L'emploi du déterminant possessif notre à la fin du poème confirme cette analyse.) Dans cette strophe, les propos généraux sur le deuil, la tristesse qu'il entraîne et la consolation qui s'ensuit invariablement ont une portée universelle (emploi du présent atemporel ; absence de marque de lieu, de repère temporel) et sont présentés avec une apparente objectivité (emploi fréquent de pronoms de la 3e pers.). Cependant, ils sont, en fait, fortement teintés par le point de vue du locuteur, qui porte un regard ironique sur le veuvage. Ce « jugement » est exprimé au moyen de termes qui montrent que le fabuliste trouve exagérées les réactions d'une jeune veuve (beaucoup de bruit, s'abandonne aux soupirs, on dit qu'on est inconsolable). Par ailleurs, l'emploi du pronom impersonnel on pour désigner la Veuve (au lieu du elle attendu) revêt une double signification : en assimilant l'unicité de l'expérience vécue par chaque veuve (elle = une jeune veuve) à celle d'un groupe d'individus (on = toutes les jeunes veuves), le fabuliste insiste sur le caractère « commun » de la perte d'un être cher et sur l'inutilité d'une réaction trop émotive et à courte vue. Cette strophe sert à introduire les mises en situation qui feront découvrir au lecteur la « vérité » au sujet du veuvage.
Dans la deuxième strophe, le fabuliste raconte une histoire « réelle » (repères temporels : un mois se passe, l'autre mois...) qui met en scène une jeune veuve qui vient de perdre son époux et qui,