La jeune veuve
Le rôle des quinze premiers vers : Ils se détachent visiblement du reste de la fable par la disposition typographique. Néanmoins, des points communs apparaissent avec la suite dans l'emploi de champs lexicaux semblables : celui du mariage, du veuvage, de la tristesse, du temps.
Malgré cette identité de thème, les quinze premiers vers se distinguent de l'ensemble parce qu’ils ne comportent aucun élément de dialogue et parce qu'ils sont constitués d'énoncés généraux caractérisés par l'emploi de l'indéfini «on» et de l'article défini à valeur généralisante : «la» dans «la perte», «le» dans «Le Temps», «la» dans «la veuve». Surtout, par opposition au temps du passé qui est employé dans les vers suivants, c'est le présent qui prédomine dans les quinze premiers vers : un présent de vérité générale.
Ces caractéristiques et ces oppositions permettent d'identifier le début de la fable comme la présentation générale du cas particulier qui va faire l'objet d'une narration dans les vers 16 à 48. Le vers 1 et le premier hémistiche du vers 2 annoncent le récit du deuil et du chagrin de la jeune veuve. Le deuxième hémistiche du vers 2 et les vers 3 et 4 correspondent à la guérison et au retour des plaisirs (du vers 35 à la fin).
Les deux phases du récit sont annoncées très précisément par une série d'oppositions fortement soulignées : «On fait» / «et puis» (v. 2) ; «la veuve d'une année» / «la veuve d'unejournée» (v. 5, 6) ; «L'une» / «l'autre» (v. 9) ;