La justice n'est pas le droit
(« L’homme n’est pas la mesure de toute chose »). La citation de Montesquieu que nous avons à expliquer et à commenter semble relever d’une métaphysique sinon platonicienne, en tout cas idéaliste. On peut s’en étonner puisque l’on sait que l’approche de l’auteur de l’Esprit des lois est considérée habituellement comme « positiviste », donc diamétralement opposée à celle d’un Platon ou d’un moraliste idéaliste (tel que Kant, par exemple).
On se demandera donc si le platonisme de Montesquieu est avéré, et s’il est cohérent avec
l’approche plus généralement empiriste de l’auteur l’Esprit des lois. Il faudra également répondre aux objections des philosophes empiristes, ou même relativistes, qui soutiennent aujourd’hui encore, dans le droit fil de Protagoras, que l’homme est la seule source des normes et des valeurs auxquelles il se soumet volontairement. La justice, tout comme le cercle, ne serait-elle dans ce cas qu’une libre construction de l’esprit humain, dépourvue de tout arrière plan transcendant ? Une simple convention ? Ou bien au contraire, la justice est-elle, tout comme le cercle, une forme intelligible (« un rapport de convenance ») dont la structure est indépendante de la volonté des hommes ?
I Première lecture
Nous proposons en première lecture une