La laïcité à la juive
Par Daniel Horowitz (publié sur le site Internet du Nouvel Observateur, le 15 juin 2012) Au cours de l’émancipation des juifs au 18ème et au 19ème siècle s’est produit dans le judaïsme une sorte de schisme qui relevait non pas d'un différend théologique, mais de la relégation de la religion à la sphère privée par des juifs qui désiraient devenir des citoyens comme les autres. Si l'on pose la vie humaine comme valeur suprême, cela signifie que ce n'est pas Dieu qui est central, mais l'homme, que l'on soit croyant ou pas. C'est en cela que la logique humaniste est fondamentalement laïque.
Lu sur ... * Le Nouvel Observateur
« Le peuple juif a une histoire longue et tragique, et doit aujourd'hui encore faire face à des menaces existentielles. C'est pour cela qu'il convient de recevoir à bras ouverts ceux qui désirent contribuer à cette civilisation et partager ce destin »
Etre juif consiste à faire partie du peuple juif sans que la religion soit un facteur déterminant. La majorité des juifs sont d'ailleurs non-pratiquants. En Israël ceux-ci se définissent comme « hilonims », traduction approximative de "laïques". C'est une posture qui s'inspire à la fois du judaïsme historique et de la modernité. Les "hilonims" considèrent l'Etat d'Israël comme le foyer national du peuple juif. Ils sont juifs par leurs traditions, leur langue, leurs fêtes et l'attachement au corpus littéraire de la Thora et aux innombrables commentaires dérivés de ce texte fondateur. Le rapport au monde des "hilonims" consiste à mettre l'homme au centre de l'expérience ontologique. Cela signifie que nul ne peut se soustraire à la responsabilité de sa propre existence. Ils estiment que les valeurs éthiques, qu'elles soient d'inspiration religieuse ou non, ont été pensées par des êtres humains et doivent être abordées sous cet angle. Les "hilonims" désirent perpétuer l'histoire du peuple juif indépendamment de toute référence au surnaturel, mais en mettant l'accent