La littérature absurde
Mise en contexte
La grande épreuve meurtrière de la Deuxième Guerre mondiale ébranle les valeurs traditionnelles de la population et disqualifie les autorités politiques, militaires et religieuses. Intellectuels et artistes ne font plus confiance à personne. Ni les chefs d’État, ni les soldats, ni les hommes de foi n’ont été capables d’empêcher la mort de cinquante millions d’individus, dont six millions de Juifs. Dans la morosité de l’après-guerre où les travers de la nature humaine sont plus évidents que jamais, naît alors le courant de l’absurde. Dans le vocabulaire courant, l’absurde définit ce qui est contraire à la raison, au gros bon sens. Par exemple, pour démontrer qu’une convention est nécessaire (se vêtir avant de quitter la maison), on imagine l’absurdité de la situation si on en faisait fi.
On peut également générer de l’absurde en poussant la logique à bout pour trouver ses failles et l’enliser dans le non-sens. Le personnage de Pôpa dans le téléroman québécois La Petite Vie, par exemple, devient absurde de par l’importance qu’il accorde à ses sacs d’ordures. Personne ne contredit le fait qu’il faille voir à l’entretien de nos maisons, mais pas à ce point…
Définition
On peut définir ainsi le but de l’absurde en littérature : questionner et contester les conventions traditionnelles de la société par le biais de l’humour.
En France, c’est à travers le théâtre des années 1950 que l’absurde est devenu une prise de conscience inévitable et un produit culturel de grande consommation. Devant l’absurdité angoissante du destin des hommes, le goût du divertissement, du rire et de l’humour se développe chez la population. Une des façons de vivre une catastrophe c’est donc de la récupérer dans le registre de l’ironie, du détournement de sens, de la plaisanterie plus ou moins noire… L’humour peut donc être perçu comme une prise de distance par rapport à quelqu’un ou à quelque chose. C’est