La localisation des activités de r&d au coeur d'un nouveau rapport au territoire
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Économiste, professeur à l’École nationale supérieure des mines de Paris et à l’université Paris 2
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lusieurs éléments sont habituellement avancés pour expliquer la profonde transformation structurelle de l’industrie ces trente dernières années : volatilité des taux de change, du prix du pétrole et des autres matières premières ; montée en puissance des pays émergents à la fois en termes de débouchés de consommation et de concurrents à faibles coûts de production ; construction d’un marché unique en Europe et introduction de l’euro ; poids croissant des contraintes environnementales... Si toutes ces variables modifient incontestablement le jeu concurrentiel, les stratégies d’entreprises et l’efficacité des politiques publiques, il nous semble important de développer ici un autre facteur, qui marque une inflexion historique radicale du rapport de l’industrie au territoire : la transformation des relations entre ces deux composantes essentielles de l’activité industrielle que sont la recherche et développement (R&D) et la production. Nul ne peut prédire ce qu’il adviendra demain mais tout le monde constate que l’organisation en vigueur avec ses conséquences géographiques est en train de profondément évoluer. La géographie industrielle a été longtemps structurée, pensée, visualisée autour d’objets matériels, visibles, lourds, difficiles à déplacer : des usines, des machines, des sources d’énergie, la proximité de matières premières, des bassins de main-d’œuvre spécialisés et concentrés. Mais à mesure que la source de valeur ajoutée, les investissements, les facteurs concurrentiels et les avantages comparatifs reposent de plus en plus sur des éléments immatériels (innovation, marque, systèmes d’information), ce lien historique s’est distendu et a perdu de son importance, au point de faire douter de l’avenir des