L’INFORMATION LITTÉRAIRE N°1 / 2005 – CONCOURS

La Maison de Sylvie : changements et continuité
Il est nécessaire, avant d’examiner le thème proposé, de préciser la chronologie dans laquelle s’inscrit explicitement ce grand ensemble de 10 odes qui constitue La maison de Sylvie. En effet, cette œuvre, qu’on peut considérer comme le testament poétique de Théophile, et qu’il a écrite dans la prison de la Conciergerie, où il resta enfermé presque deux ans, (avant de mourir un an plus tard, épuisé par ces deux années d’incarcération), a ceci de particulier qu’elle contient de nombreuses allusions autobiographiques. Rappelons donc pour commencer les dates des événements précédant l’incarcération de Théophile. 11 juillet 1623 : publication du décret ordonnant l’emprisonnement du « chef de la bande athéiste » (à la suite de la publication du Parnasse satyrique, recueil scandaleux dans lequel le poète est accusé d’avoir écrit) ; Théophile s’enfuit de Paris, et trouve refuge à Chantilly. La « maison de Sylvie », c’est ce château des Montmorency où il trouve abri, et l’œuvre est d’abord écrite pour remercier de son hospitalité la maîtresse des lieux, Sylvie, qui est la duchesse de Montmorency, en y célébrant sa beauté. 18 août 1623 : Théophile est condamné à être brûlé vif, lui et ses livres. La sentence est exécutée dès le lendemain : on brûle son effigie à Paris. 26 août 1623 : Théophile quitte Chantilly, pour gagner les frontières. 17 septembre : il est arrêté au Catelet, emprisonné à Saint-Quentin, puis transféré à la Conciergerie.

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E. BLANC : LA MAISON DE SYLVIE : CHANGEMENTS ET CONTINUITÉ
Année 1624-25 : tout en préparant activement sa défense, il compose et réussit à faire publier quelques uns de ses poèmes les plus émouvants, dont La maison de Sylvie. Or ces événements figurent dans l’œuvre : dans l’ode I, Théophile remercie ses protecteurs de lui avoir donné asile, « quand on brûla [son] effigie » (vers 10), dans l’ode V, il raconte la visite que lui fit