La maison du berger (extrait) - alfred de vigny
Si le XIXe siècle est le siècle du mal de vivre, il est aussi celui d'un espoir fou dans la Science et le progrès de l'humanité. Le progrès fait naître des espoirs et parallèlement pose la question de l'avenir de l'Homme. Un avenir qui peut lui échapper à tout moment. C'est dans cette perspective que Vigny rédige un recueil qu'il intitule "Les Destinées".
L'extrait concerne les strophes 10 à 12 de la section "La Maison du Berger", strophes qui portent sur le train.
A l'époque (XIXe), on assiste à l'avènement du train et à son exploitation industrielle. Dans la seconde moitié du XIXe, il sera un des moyens de locomotion les plus utilisés.
Célébré par Jules Vernes ou par le romancier naturaliste Zola à travers la locomotive Lison dans "La Bête Humaine", le train reste pour certains auteurs une innovation dangereuse.
Le poème a été écrit suite à une catastrophe ferroviaire. Elle eut lieu à l'occasion de la fête du roi Louis-Philippe, le dimanche 8 mai 1943. Lors de cette fête, qui se tenait dans les parcs du jardin des Versailles, les grandes eaux avaient été données et une foule nombreuse s'errait déplacée de Versailles pour regagner Paris. Tous montèrent dans un même train. Un des essieux de la locomotive (ce qui tient la roue) céda et le train dérailla avec près de 800 passagers à bord. Il y eut près de 50 morts. Ce fut un traumatisme dans l'opinion publique.
Vigny fut fortement choqué par cet accident. De là sont nées les strophes suivantes.
Structure : 3 septains isométriques en alexandrins.
I - SPECTACLE D'UN ÊTRE INQUIÉTANT
A. Guider les voyageurs vers une destination inconnue.
- vers 1 : au premier hémistiche, le poète demande à Dieu de faire en sorte que le train arrive à destination (importance du verbe "guider" : guide à son but).
- vers 1 et 3 : même construction subordonnée ("que"/"qu'") ; on passe de Dieu à l'Ange ; les deux vers reposent sur le même rythme (2-4-3-3) : les deux vers présentent la même rime A (rime