La mort de jean philippe x
On peut se demander si le livre est aussi démonstratif que le suggère la préface. Aragon veut-il montrer que le couple est impossible en général, ce à quoi on a souvent réduit cette formule « il n’y a pas d’amour heureux » ? Ne s’attache-t-il pas plutôt à montrer que le couple est impossible dans certaines situations, eu égard à un contexte historique, sociologique ?
Aurélien peut-il se réduire à un « discours » sur l’impossibilité du couple (on serait alors dans le roman à thèse). Et puis de quel(s) couple(s) s’agit-il ? Celui formé par Aurélien et Bérénice est purement fantasmatique : leur histoire n’advient pas, comme le note Bérénice elle-même « c’est fini, Aurélien et moi. Fini sans avoir commencé » (LXIII, 521). Aurélien fait la même analyse: «Voyons, parler de l’échec de l’amour à propos d’une histoire pareille, interrompue à son début » (Épilogue, VII, 694). Finalement, s’attachant à mettre en évidence l’impossibilité du couple, Aragon ne parvient-il pas aussi à mettre en cause le roman du couple, en somme les codes du traditionnel roman d’amour ?
On verra donc (1ère partie) comment Aragon construit le roman d’amour d’Aurélien et Bérénice en contrepoint d’une galerie de couples. On s’attachera ensuite à la dimension « démonstrative » du roman : elle met en évidence l’impossibilité d’un couple fondée sur un amour authentique dans le monde réel bourgeois et mondain