La mort en anthropologie
L’omniprésence de la mort au sein de toutes les sociétés humaines, quelles que soient les conceptions qu’elles lui attribuent, a fait de celle-ci un thème d’étude privilégié de l’anthropologie. C’est aussi parce qu’on la retrouve partout, dans les rituels et les croyances de toutes les communautés humaines, qu’elle constitue un terrain d’études comparatives exceptionnel, que les anthropologues de tous horizons ont rapidement investi. C’est enfin parce que le thème de la mort fascine toujours les sociétés contemporaines, que les anthropologues continuent à travailler sur le sujet. Ce numéro de la revue « Terrain » de mars 1993, consacré au thème de la mort, qui témoigne d’ailleurs bien de son actualité, sera l’objet de ce commentaire critique.
L’ensemble de la revue est composé de onze articles, dont les neuf premiers traitent des conceptions et des rituels concernant les morts, chacun dans une situation différente. Les deux derniers relatent la mise en place de musées au Québec et en Scandinavie, qu’ils inscrivent dans une perspective de conservation de la mémoire, nationale et internationale. Leur présence dans cette revue indique le lien fort qu’il peut y avoir entre le thème de la mort et celui de la mémoire. Certains articles traitant de la mort mettent d’ailleurs en avant cette notion de mémoire.
Le questionnement central commun aux articles de la revue s’articule autour de la façon de traiter le mort, en tant que corps physique que la vie a quitté. Dans toutes les mentalités, aussi diverses soient-elles, ce dernier est doté d’une puissance que les rituels ont pour but de guider, de canaliser, afin qu’elle n’interfère pas négativement dans le monde des vivants. Celle-ci peut revêtir des aspects tout à fait concrets, comme le fait de pouvoir transmettre des maladies, mais elle peut également renvoyer aux croyances et à la religiosité d’une communauté donnée. Dans ce cas, il est important d’analyser d’abord