La morte amoureuse, théophile gautier
La morte amoureuse,
Théophile Gautier
« N’est-ce pas une chose singulière que la nuit, dans laquelle notre globe baigne pendant tant d’heures, ait été si rarement reproduite ? Elle a pourtant ses beautés, ses effets pittoresques, ses magies et ses séductions. »
Voici une phrase de Théophile Gautier qui, en elle seule pourrait résumer sa nouvelle, La morte amoureuse. En effet, cette nouvelle conte un songe, ou une réalité vécue comme un songe, là est soulignée toute la complexité du genre fantastique (duel surnaturel accepté/expliqué de Tzvetan Todorov). Nous ne savons à quel moment le réel reprend le dessus, si nous devons croire ou non à cette magie enrobant le récit, si nous devons nous laisser emporter, à l'instar du narrateur, à cette rêverie romantique que nous propose Théophile Gautier. Ladite rêverie est la suivante :
Le jour de son ordination, Romuald, un prêtre pieux de campagne, croise le regard d'une jeune beauté flamboyante. Il ne peut alors s'en détourner malgré la prononciation de ses vœux, et apprend par l'Abbé Sérapion qu'il s'agit d'un courtisane, la grande Clarimonde, sur laquelle circulent des rumeurs de débauche et de « vie de Cléopâtre ». Il ne désire qu'une seule chose : la revoir. Cependant,il est nominé à la cure de C*** et s'en éloigne. Le temps passe, puis il est appelé un soir par un page lui disant que sa maîtresse est mourante, et qu'il doit lui donner l'extrême-onction. Malheureusement il arrive trop tard devant le lit de la mourante et s'aperçoit qu'elle n'est autre que Clarimonde, la femme tant aimée, morte à présent. Mais la fascination qu'elle exerce sur lui est telle qu'il naît entre eux un amour plus fort que la mort. Avec elle, la nuit, Romuald se transforme en un gentilhomme aux antipodes du prêtre pieux qu'il incarne la journée. Pour lui, tout est de plus en plus confus. Il ne sait qui, d'entre le prêtre ou le gentilhomme, est l'identité qu'il incarne en rêve. Mais un soir, il découvre que Clarimonde