La Musique "dégénérée"
Conférence : « Ce n'est pas uniquement une question musicale ».
Concert : « Voix étouffées du IIIème Reich ».
La célèbre citation d'Adolf Hitler nous renvoie directement à un aspect peu mis en lumière dans l'étude du national-socialisme. Nous serions tentés d'expliquer cela par le fait que les vestiges du nazisme tels que nous les connaissons aujourd'hui nous renvoient davantage à des enjeux politiques et militaires sur le plan international qu'au véritable paysage culturel de l'Allemagne des années 30-40.
Pourtant, force est de constater que ce dernier a joué un rôle fondamental dans la construction identitaire du régime nazi. Plus encore, le champ artistique Allemand a également conduit à l'émergence d'une dichotomie profondément ancrée entre musique « allemande » et musique « dégénérée ». La première, selon le national-socialisme, principalement représentée par l'ère Romantique (Wagner, Bruckner), était la seule capable de lutter contre la sclérose d'un XX ème siècle considéré comme excessivement rationnel. La musique dégénérée, quant à elle, présentait une forme plus hybride. Avait de grandes chances d'être assimilée de la sorte tout musique officiellement « non-germanique ». Les compositeurs juifs, mais aussi les musiciens de Jazz, la plupart du temps Afro-Américains, en étaient les cibles favories.
D'autre part, d'un point de vue plus technique, la « musique dégénérée » correspondait également aux compositions peu, voire nullement susceptibles de servir d'outil propice à l'avènement du nazisme. Jouant sur le romantisme populaire afin de susciter un élan primitif et fédérateur, il était à prévoir que la solennité d'un Schubert détenait une plus grande force expressive aux yeux du national-socialisme que la complexité atonale et les envolées chromatiques d'un Louis Armstrong.
C'est cette dernière observation qui nous mène à nous interroger de manière plus casuistique