La musique romantique
La musique romantique n'a évidemment pas été conçue pour apaiser les âmes. Bien au contraire, tout vise ici à susciter l'émotion, à bouleverser. Le piano, en remplaçant le clavecin, permet désormais d'exploiter de puissants contrastes de dynamique, ce qu'exploitent notamment Beethoven (cf. la Hammerklavier) et Chopin (notamment à la fin de la Révolutionnaire). De la même façon, l'orchestration devient de plus en plus audacieuse et sophistiquée, ce qui, en attendant Mahler, apparaît clairement dans la Neuvième symphonie de Beethoven et dans la Fantastique de Berlioz. Les sonorités inventées par les romantiques sont particulièrement colorées et évocatrices, davantage en tout cas que chez des classiques comme Haydn ou Mozart.
Avec les romantiques, les formules héritées du dix-huitième siècle (notamment la forme-sonate) éclatent, un peu comme à la même époque la tragédie au théâtre. Le problème de l'unité des œuvres se pose donc avec une acuité particulière. Certains, comme Schumann dans ses pièces pour piano (cf. les Kinderszenen, les Kreisleriana et le Carnaval), favorisent carrément l'éclatement et la pièce musicale est dès lors composée d'une multitude de fragments peu ou pas développés. Chez Wagner, au contraire, l'opéra n'est plus divisé en numéros relativement brefs comme cela était le cas chez Mozart ou Rossini: à la place, ses opéras