La noblesse
I/ CRITIQUE VERSUS PUBLICITE : LA THESE DE L’OPPOSITION
Depuis sa naissance, la critique d’art est associée, d’un côté, aux expositions de l’Académie, de l’autre à la presse, son support d’élection. La forme critique, entendue comme une prise de position subjective et esthétique sur des spectacles vivants, des écrits ou des œuvres, s’exposant elle-même au public, est donc née avant les industries culturelles. Elle a constitué selon Habermas le cœur et le modèle d’un « espace public » de discussion, en incitant des opinions privées à prendre position sur des productions culturelles. La critique d’art est relativement ancienne, puisqu’elle s’est imposée au XVIIe siècle dans la presse. On peut l’opposer de manière assez intuitive à la promotion commerciale, plus récente, puisque liée au développement de la grande presse capitaliste qui a recouru aux annonces. Les configurations sociales, que l’une et l’autre supposent, sont très différentes : alors que le critique ne travaille (théoriquement) pas pour ceux auxquels il consacre des articles, l’annonceur est objectivement, c’est-à-dire contractuellement, tenu par celui qu’il est chargé de promouvoir. Pierre Bourdieu s’est intéressé à la question du pouvoir de consécration ou, dans ses