LA oral français Montaigne
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quelque chose de particulier ; il était âgé de quatorze mois tout juste. Au-dessous de ses tétins, il était attaché et collé à un autre enfant sans tête et qui avait le canal du dos bouché, le reste intact, car s’il avait un bras plus court que l’autre, c’est qu’il lui avait été cassé accidentellement à leur naissance ; ils étaient joints face à face, et comme si un plus petit enfant voulait en embrasser un second1 […].
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Les [êtres] que nous appelons monstres ne le sont pas pour Dieu, qui voit dans l’immensité de son ouvrage l’infinité des formes qu’il y a englobées ; et il est à croire que cette forme qui nous frappe d’étonnement se rapporte et se rattache à quelque autre forme d’un même genre, inconnu de l’homme. De sa parfaite sagesse2 il ne vient rien que de bon et d’ordinaire et de régulier ; mais nous n’en voyons pas l’arrangement3 et les rapports.
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Quod crebo videt, non miratur, etiam si cur fiat nescit. Quod ante non vidit, id, si evenerit, ostentum esse censet. 4» [Ce que ( l’homme) voit fréquemment ne l’étonne pas, même s’il en ignore la cause. Mais si ce qu’il n’a jamais vu arrive, il pense que c’est un prodige.]
Nous appelons « contre nature » ce qui arrive contrairement à l’habitude : il n’y a rien quoi que ce puisse être, qui ne soit pas selon la nature. Que cette raison universelle et naturelle chasse de
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nous l’erreur et l’étonnement que la nouveauté nous apporte.
Michel DE MONTAIGNE, Les Essais, Livre II, chap. 30,
« Au sujet d’un enfant monstrueux », 1595, trad. D’André Lanly.
INTRODUCTION
auteur : Montaigne → homme engagé