La parole - sujet et corrigé d'une dissertation : alain "penser, c'est donc parler à soi"
On comprend que le philosophe Alain ait pu écrire dans ses Éléments de philosophie que « Penser c’est donc parler à soi. »
Il veut dire par là que l’acte même de penser implique de parler, non pas à n’importe qui, mais à soi, c’est-à-dire que le locuteur et l’interlocuteur sont, dans l’acte de penser, une seule et même personne. Il faut comprendre que par là, la parole, à soi adressée, a une forme d’objectivité qui permet la réflexion.
Or, on admet généralement qu’il faut penser pour parler. N’est-ce pas ainsi qu’on distingue le simple fait de proférer à celui de montrer dans l’acte de parole qu’on pense ce qu’on dit ? Parler ne pourrait être alors parler à soi sans cercle vicieux. Et pourtant l’expérience montre qu’il y a comme un dialogue silencieux de soi à soi dans l’acte de penser.
Dès lors, on peut se demander s’il est possible sans cercle de soutenir que penser c’est parler à soi.
On examinera alors si penser n’est pas parler à soi parce que précède l’écoute d’une parole première ou parce que le silence donne l’impulsion au parler à soi ou enfin parce que le dialogue avec l’autre est l’apprentissage du penser.
On s’appuiera sur un dialogue de Platon intitulé Phèdre, sur une pièce de Marivaux, Les fausses confidences et sur le recueil de poèmes de Verlaine, Romances sans paroles.
Pour se parler à soi, il est nécessaire d’écouter et donc d’entendre des voix. Verlaine insiste à de nombreuses fois sur les voix qu’il entend et dont le poème est à la fois l’expression et la réponse. Ainsi dans la première des Ariettes oubliées où l’anaphore du présentatif « C’est » présente d’abord objectivement à la troisième