La peau de chagrin
Analyse
Intérêt de l’action
Le roman a un côté autobiographique, Balzac s’étant incarné dans Raphaël : comme lui, il a imaginé pouvoir conquérir Paris en vivant dans la pauvreté la plus totale pour écrire ; comme lui, il a connu des expériences malheureuses ; comme lui, il a écrit une “Théorie de la volonté” ; comme lui (134), il voulut «débuter par un chef-d’œuvre, ou (se) tordre le cou», ainsi qu’il l’écrivit à sa sœur, Laure, en novembre 1819. “La peau de chagrin” réalisa ce désir précoce en 1831, après un long apprentissage sous divers pseudonymes.
Du fait de la place que tient dans le roman, l’action des forces irrationnelles («diaboliques») sur l’être humain (la réaction de Raphaël devant le «fait impossible»), de l’intrusion du surnaturel dans la vie réelle («c’est un ouvrage où des observations réelles et pleines de finesse sont enfermées dans un cercle de magie»), de l’incertitude constante entre une explication naturelle des événements et une explication surnaturelle, “La peau de chagrin” est un roman fantastique qui participait à la vogue que connaissait alors le genre. Balzac, curieux d’occultisme, de magie, de phénomènes mystiques et magnétiques, subit l’influence d’auteurs tels que Swedenborg et Hoffmann : les hallucinations de Raphaël chez l’antiquaire du quai Voltaire dont le capharnaüm est décrit avec magnificence étaient héritées de Hoffmann à l’ouvrage duquel, “Les élixirs du diable”, il est fait allusion.
Dans le prologue, Raphaël apparaît comme un personnage mythique, voilé, qui s’apprête à mourir et en qui s’affrontent des forces surnaturelles, le Bien et le Mal, la Vie et la Mort. Il connaît une première métamorphose par sa visite chez l’antiquaire qui lui propose un choix plus radical que le suicide : «Vouloir nous brûle et Pouvoir nous détruit, mais Savoir laisse notre faible organisation dans un perpétuel état de calme».
Le personnage de l’antiquaire donne la clef de cette opposition : il échafaude une