La pensée de bachelard
L'histoire des sciences est une histoire discontinue. Il faut psychanalyser l'esprit scientifique. Cette psychanalyse qui n'est pas, bien sûr, la psychanalyse freudienne, consiste à mettre en évidence les processus inconscients qui bloquent la connaissance. Les obstacles épistémologiques sont des représentations qui paraissent évidentes et qui, à certains moments, ont pu même être utiles mais qui finissent par bloquer la connaissance. Il faut alors qu'on réussisse à " sauter l'obstacle " et opérer ce que Bachelard nomme une rupture épistémologique. Il faut bien voir que ces obstacles sont intérieurs à la pensée scientifique elle-même. Le savoir peut bloquer le savoir puisque la connaissance " est une lumière qui projette toujours ses propres ombres ".
Parmi les obstacles épistémologiques, on citera les connaissances premières qui se révèlent, après coup, des erreurs premières. Ce qui est premier n'est en effet pas la vérité mais l'erreur et le processus scientifique est un processus de " rectification indéfinie ". L'expérience première est le premier des obstacles. Il y a un divorce entre le fait perçu et l'objet scientifique. Ce dernier n'est jamais donné mais est toujours conçu. Il ne suffit jamais de constater les faits mais avoir une considération raisonnée. Du reste le fait brut n'existe pas. Tout fait est interprété mais encore faut-il qu'il le soit rationnellement. Rien n'est donné, tout est construit. L'évidence première est source d'erreurs.
Un autre obstacle est la connaissance générale. " Une connaissance générale est presque toujours une connaissance vague ". Dire, par exemple, " les corps tombent ", c'est croire avoir tout dit et c'est arrêter la pensée. Pourquoi, puisqu'on croit avoir tout dit, étudier la chute des corps de plus près ? La pensée est alors immobilisée.
L'obstacle substantialiste rattache tout à une substance fondamentale en oubliant l'importance des relations. Par exemple, on fit