La photographie plasticienne en afrique (mali)
Alors que la colonisation française en Afrique de l'ouest ne se précise que dans les années 1830, les Maliens sont très frileux, voire apeurés par la photographie, qui est considérée comme un ravissement de l'âme (livre Seydou keita); se faire prendre en photo se dit « k'i dyaa ta », littéralement « se faire prendre l'âme » dyaa=âme.Le photographe est donc considéré comme une sorte de sorcier et on laissait donc ce domaine au blanc. Le premier Africain qui a osé s'attaquer à la photographie est Mountaga Dembele, en 1935.C'est un notable Bamakois dont l'oncle, un grand Marabout, était connu pour avoir provoqué un soulèvement de population contre la présence française au Mali. Il est envoyé au front lors de la 2e guerre mondiale, et de retour au Mali en 1945, il ouvre un studio photo et initie plusieurs jeunes, dont Seydou Keita, qui était son protégé, à tel point qu'il lui lèguera son studio photo. Bamako, dans les années 1946 s'émancipe; les indigènes deviennent citoyens français, le travail forcé est aboli et les envies d'indépendance se font sentir. Le quartier de Bamako Koura, est le lieu d'implantation du studio de Mountaga Dembele et c'est alors un haut lieu culturel, festif, très moderne; en d'autres termes, c'est un quartier branché.
Seydou Keita est né en 1923 a Bamako Koura-même, donc il a baigné dans cette atmosphère florissante. A 16 ans, il a très vite compris l'intérêt de la photographie comme art majeur, au même titre que la sculpture, l'orfèvrerie et la maroquinerie, qui se pratiquaient alors avec succès. On dénombre plus de 3000 photographies signées par Keita, qui maîtrise très vite les techniques de prise de vue pour ses photos uniquement en noir et blanc. Il soigne sa lumière (il travaille uniquement à la lumière du jour), son cadrage (au cas par cas selon la position donnée aux protagonistes, à leur nombre, leur