La place
C’est dans La Place, ouvrage publié en 1983 dont est extrait notre texte à commenter, qu’elle retrace l’histoire de sa famille. Elle rédige cet ouvrage après la disparition de son père et sa réussite au CAPES de Lettres. Tout au long de son récit, Annie Ernaux se met à la recherche de ses origines : un milieu modeste dont elle s’est éloignée au cours du temps ; elle essaie d’expliquer pourquoi une distance s’est peu à peu établie avec ses parents et surtout avec son père. La question se pose alors de savoir si l’on doit renoncer aux caractéristiques de notre culture familiale pour être mieux accepter par la société ? Nous verrons dans un premier temps l’éloignement progressif mais profond qui s’instaure entre la narratrice et son père mais également le sentiment de trahison, de culpabilité ressenti par la même narratrice.
I) Un éloignement profond entre le père et sa fille
A) Un sentiment de honte de ses origines
L’auteur parle de son adolescence et on sait bien que c’est une période de rejet de tout par les adolescents. La révolte adolescente se concrétise par la distance que les jeunes instaurent avec les personnes qui auparavant se comprenaient. Annie Ernaux l’écrit très clairement « c’est le temps où tout ce qui me touche m’est étranger » et en particulier le père : « il n’osait plus… je ne lui parlais plus… il refusait… il se fâchait ».
Cependant, il semble que cet épisode ne soit pas passager comme il l’est normalement dans la vie de tout adolescent. La césure entre le père et sa fille semble plus profonde lorsqu’elle écrit « L’univers pour moi s’est retourné ». Elle rejette ses origines sociales et en a même honte. Elle remet en cause son appartenance sociale à laquelle elle ne veut pas