La poesie est une maniere de fuir la realite ou de s en approcher
2314 mots
10 pages
Le danger consiste à saisir son œuvre de façon réaliste. L'excès contraire est également redoutable, car il est dangereux de situer son œuvre hors de tout contexte réel. Ce serait d'ailleurs ignorer l'aspiration du surréalisme qui est, entre autre de rechercher, et de mettre en valeur la surréalité du réel. Nous allons voir comment Gracq part du réel, grâce à son sens de l'observation, grâce à son goût pour l'étrange. Le franchissement de la frontière que nous avons constaté entre le réel et l'extraordinaire dans le domaine du style, n'est qu'un reflet du franchissement entre le rêve et la réalité que nous allons découvrir au niveau de la construction d'un roman. Nous prendrons pour exemple Le Rivage des Syrtes, dont certains événements prennent leur élan dans la réalité. Grâce au rapprochement de deux textes de Julien Gracq, nous pourrons constater combien est grand son pouvoir de l'imaginaire et en quoi réside son impact sur le récit. Le Rivage des Syrtes (81) est le plus long des romans de Julien Gracq, à ce jour, il est certainement le plus célèbre, puisqu'il fut l'objet du Prix Goncourt en décembre 1951. La célébrité tomba soudainement sur ce "surréaliste" dont le nom était seulement connu d'un certain public restreint mais amateur de nouveautés et de belle prose (83). Julien Gracq n'est pas seulement " un surréaliste qui écrirait comme un professeur" (84) mais un surréaliste qui a la maîtrise de sa langue et de son imagination pour mieux mettre en lumière les magies d'une aventure surréaliste. Le Rivage des Syrtes classique dans sa présentation en douze chapitres et dans son récit à la première personne, a pu dérouter par sa longueur, par l'attente d'un événement dont nous ne voyons même pas les conséquences. En effet le lecteur reste sur sa faim. L'écrivain est lui-même conscient de ce non-achèvement. "Et Le Rivage des Syrtes jusqu'au dernier chapitre marchait au canon vers une bataille navale qui ne fut jamais livrée" (85). Le seul acte réel du roman est le