La politique suppose-t-elle les hommes méchants ?
Le mythe de Prométhée dans le Protagoras de Platon nous raconte la genèse de la science politique en supposant une certaine anthropologie : Zeus a envoyé aux hommes la science politique parce que ceux-ci sont nés particulièrement dépourvus contrairement aux animaux qui ont l’instinct pour les déterminer et des outils physiques pour se défendre. « Zeus alors, inquiet pour notre espèce menacée de disparaître, envoie Hermès porter aux hommes la pudeur et la justice, afin qu'il y eût dans les villes de l'harmonie et des liens créateurs d'amitié. » L’anthropologie politique de Platon suppose l’homme essentiellement « nu » la science politique apparaît comme un rempart culturel à sa vulnérabilité naturelle.
Une autre grille de lecture de la politique nous est offerte par l’anthropologie morale pessimiste. Les hommes seraient incapables de coexister tant ils sont de nature méchante, c'est-à-dire qu’ils ont en eux une tendance naturelle à vouloir faire du mal à autrui si il apparaît comme un obstacle à leur indépendance. La politique serait donc la création artificielle qui contraindrait l’homme méchant à se comporter de façon morale en société. Mais est-il pertinent de dire pour autant que la politique suppose les hommes méchants ?
Le verbe supposer nous offre deux premières pistes de réflexion par son ambigüité : supposer c’est impliquer nécessairement quelque chose, en d’autres termes si la politique suppose la méchanceté des hommes c’est qu’elle trouverait sa nécessité dans l’anthropologie pessimiste. Mais supposer c’est aussi émettre des hypothèses : La politique qui se créée doit-elle supposer rationnellement la méchanceté des hommes dans un but prudent, pour assurer sa propre pérennité ? Les deux acceptions de « supposer » nous mènent ainsi sur deux aspects du politique : la politique et les hommes qui y sont soumis et la politique et les hommes qui la dirigent. Pour répondre à cette problématique qui pose la