La population carcérale en europe
(France, Allemagne, Grande-Bretagne, Espagne)
« Traitements inhumains ou dégradants. » C’est la condamnation dont a écopé la France par deux fois jeudi 20 janvier 2011, devant la Cour européenne des droits de l’homme. En 2005 puis en 2008 deux commissaires européens aux droits de l’homme avaient déjà montré du doigt les prisons « les pires d’Europe ». En général, les prisons européennes gèrent mal leur population carcérale. Parce que cette dernière évolue et perd sa structure, parce que les juges condamnent plus et parce que les prisons débordent. La France n’a donc pas l’apanage des mauvais traitements et, à des degrés différents, les prisons européennes font toutes face aux mêmes problèmes. Comment la population des prisons évolue-t-elle ? Pourquoi les conséquences sont-elles désastreuses ? Il ne s’agira pas ici de dresser un portrait exhaustif des populations carcérales européennes, mais de s’appuyer sur les nombreux rapports produits pour dégager des tendances et des évolutions en analysant les réponses différentes données par cinq pays représentatifs. Les statistiques utilisées proviennent du rapport des Statistiques pénales annuelles du Conseil de l’Europe (SPACE) daté de 2008. S’il existe des chiffres plus récents, ils ne sont pas encore fixés, donc utilisables avec parcimonie.
I/ Une population de plus en plus hétérogène
Le prisonnier européen moyen est un homme (à 95%) de plus de 35 ans condamné pour une peine de 1 à 5 ans (à 64%) [1]. Néanmoins depuis les années 80, cette population a perdu sa structure et chaque évolution a engendré sa part de dysfonctionnements.
A/ Trois nouveaux types de détenus sont apparus en 30 ans
Les prisons européennes sont occupées par des condamnés pour vol (31%), agression et meurtre (20%) ou trafic de drogue (15%) [1]. Mais alors qu’elles étaient autrefois structurées autour du grand banditisme, elles accueillent désormais une population de détenus, prévenus et condamnés,