La poésie est-elle un art de combat ?
Pour certains les mots d’un poème peuvent dénoncer et combattre un tyran ou des persécutions.
Pour d’autres l’utilisation de la poésie risque d’embellir ou d’obscurcir le combat et la poésie est simplement destinée à faire naître le plaisir qui découle de « l’art pour l’art » ou à permettre l’évasion et le rêve au milieu d’une vie trop dure ou trop ordinaire.
Nous allons donc nous poser la question de savoir si le but du poète est toujours de mettre son art au service d’un combat.
En effet pour certains, la poésie doit être engagée ; elle « crie, accuse, espère » (Eluard). Le poète est un homme qui se révolte et s’indigne, comme les autres, devant certains évènements de son époque. Lorsque surviennent les guerres de religion pour Ronsard, le sacre de Napoléon III pour Victor Hugo, la terreur nazie pour Pierre Emmanuel, les poèmes deviennent des armes de combat.
Ronsard, dans les « Discours sur les misères de notre temps » condamne les excès du clergé catholique :
“Mais que dirait Saint Paul, s’il revenait ici,
De nos jeunes Prélats qui n’ont point de souci
De leur pauvre troupeau, dont ils prennent la laine,
Et quelquefois le cuir: qui tous vivent sans peine,
Sans prêcher sans prier sans bon exemple d’eux.”
Mais il dénonce aussi les violences des protestants :
“Et quoi? Brûler maison, piller et brigander,
Tuer, assassiner par force, commander,
N’obéir plus aux rois, amasser des armées,
Appelez-vous cela églises réformées ?”
Victor Hugo dénonce Louis Napoléon Bonaparte, qui a trahi la République pour rétablir l’Empire. Dans le poème « Le manteau impérial », il appelle les abeilles, qui décorent le manteau du sacre, à se révolter contre l’empereur :
« Ruez-vous sur l’homme, guerrières !
O généreuses ouvrières,
Vous le devoir, vous la vertu,
Ailes d’or et flèches de