La poésie lyrique
Université de Montpellier
La poésie française contemporaine: enjeux et pratiques1
Introduction 1) La poésie contemporaine: crise ou effervescence Faire un état de la poésie contemporaine en France présente une double difficulté: le travail sur le contemporain implique nécessaire une vue courte qui ne peut prétendre à la vision surplombante de l’historien parce que le recul du temps n’a pas encore eu lieu. Nous sommes plus qu’ailleurs susceptibles d’erreurs d’évaluation, de vues partielles et partiales. Cela se double en poésie du caractère quasi clandestin de sa diffusion aujourd’hui. Elle n’occupe plus le devant de la scène, se diffuse souvent dans de petites maisons d’éditions, et dans des revues qui n’ont rien de médiatique. Pourtant durant ces dernières années se sont multipliés en France de nombreux états des lieux, ouvrages-bilans réalisés généralement par des poètes qui entendent faire le point sur la production poétique contemporaine comme pour aider le public à prendre conscience de son existence et de ses débats internes. Je songe ainsi à Habiter en poète de Jean-Claude Pinson, Ceux qui merdRent de Christian Prigent, La poésie comme l’amour de J.M. Maulpoix, ou Poésie et Figuration de J.M. Gleize: tous ces ouvrages en même temps qu’ils proposent une mise au point sur l’évolution de la poésie aujourd’hui en revendiquent une définition et incarnent des courants différents voire opposés. Or ces ouvrages partent tous d’un constat qui serait celui de la crise de la poésie contemporaine, c’est le mot qu’on aime à employer pour désigner l’état de déréliction, voire de désaffection extrême dans laquelle se trouve la poésie et qu’essayent d’enrayer les nombreuses manifestations officielles comme les divers marchés et fêtes de la poésie: quelques titres parleront d’eux-mêmes: A quoi bon encore des poètes? (Christian Prigent), A quoi bon des poètes? (J-C. Pinson), deux titres parodiant la fameuse question d’Hölderlin reprise par Heidegger