la production des grands hommes
DE MAURICE GODELIER
Maurice Godelier débuta sa carrière comme philosophe. Agrégé de philosophie et licencié en psychologie et en lettres modernes, il considéra après l’agrégation qu’un philosophe devait savoir autre chose que la philosophie pour pouvoir philosopher. Il décida de recommencer ses études et de se former en économie politique. Son objectif était d’analyser le concept de « rationalité économique ». Ceci l’amena à suivre à la fois les cours du Centre d’Etudes de Programmation Economique, dirigé alors par Edmond Malinvaud et Charles Prou, ainsi que le séminaire de Charles Bettelheim, consacré aux économies planifiées de type socialiste. A l’époque capitalisme et socialisme s’affirmaient chacun comme le système assurant le développement le plus rationnel de l’économie et de la société. Au terme de ses premiers travaux, Maurice Godelier en conclut qu’une approche anthropologique des différentes formes de systèmes économiques était nécessaire. Dans la mesure où dans de très nombreuses sociétés subordonnées au capitalisme et au socialisme, les activités économiques étaient encastrées dans le fonctionnement d’autres rapports, politiques, religieux, ou de parenté et que leur reproduction et développement dépendaient de la reproduction de ces autres rapports. Après un séjour au Mali à l’époque socialiste comme expert de l’Unesco pour étudier les effets d’une économie planifiée sur le développement des communautés villageoises, il publia son premier ouvrage : Rationalité et irrationalité en économie, Maspéro, 1966. Entre-temps devenu Chef de travaux, puis Maître assistant de Fernand Braudel, il occupa à l’EHESS la première chaire d’anthropologie économique créée en France. C’est alors que Lévi-Strauss l’invita à le rejoindre au Laboratoire d’Anthropologie Sociale du Collège de France.
Fortement influencé par l’œuvre de Marx, mais en même temps travaillant auprès de C. Lévi-Strauss, il s’efforce alors de faire apparaître les différences entre