la protection des enfants
Les institutions éducatives vues du dehors
Élisabeth Deliry-Antheaume *
L
’avènement de la démocratie en Afrique du Sud a progressivement fait oublier le caractère draconien des lois qui sévissaient sous le régime de l’apartheid
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, un régime qui a légué un espace fragmenté [Foucher, 1991 ; Gervais-Lambony, 1997] et une société divisée. Il régissait non seulement la sphère privée, chacun devant occuper la place que Dieu et le système lui avaient assignée et réservée, mais encore l’ensemble des politiques publiques comme la santé et l’éducation.
Les institutions éducatives, les centres communautaires et tous les lieux où se manifeste l’offre d’éducation en restent toujours marqués
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[Carpentier, 1999]. Ils connaissent, toutefois, de profonds bouleversements. S’ils sont physiquement clô- turés par des murs, souvent par des grillages et parfois contrôlés à leurs entrées par un service de sécurité, ils auraient plutôt tendance, malgré les apparences, à s’ou- vrir au monde extérieur. Les murs intérieurs, extérieurs ou périphériques des éta- blissements sont de moins en moins anonymes. Ils ont souvent été personnalisés et décorés et portent divers messages qui peuvent tout simplement dater le bâti- ment, vanter la qualité et le type d’enseignement dispensé à l’intérieur, mais sur- tout suggérer de mieux articuler les contenus de l’enseignement avec l’extérieur, c’est-à-dire avec tout ce qui n’appartient pas directement au monde souvent confiné de l’école. Il peut ainsi s’agir de mettre en lumière les injustices politiques historiques, de soutenir les revendications pour la paix ou les droits de l’homme et plus particulièrement ceux de l’enfant, voire d’évoquer les problèmes quotidiens de survie : violences, drogue, sida, éducation, emploi... [Deliry-Antheaume, 1999].
La lecture des murs offre un fil conducteur, parmi d’autres, et c’est par l’obser- vation aléatoire et « impressionniste » de