À partir du 14 juin 1940, les Allemands occupent Drancy, et la commune connaît alors les heures les plus sombres de son histoire. La cité de la Muette est réquisitionnée par les nazis et transformée, dans un premier temps, en camp de prisonniers de guerre. Puis, de 1941 à 1944, la cité devient camp de concentration où sont rassemblés, avant la déportation, hommes, femmes et enfants, voués à la haine et à la mort, parmi lesquels une immense majorité de Juifs. Les Allemands trouvent des alliés chez les Français pour faire appliquer une série de lois antijuives. Un « service français » est créé en 1940 pour gérer le camp de Drancy, organiser les rafles et les déportations, en lien direct avec la Gestapo. Dès le mois d'octobre 1940, on assiste à la confiscation des entreprises appartenant aux Juifs, puis à la suppression de leurs postes téléphoniques, de la TSF, et même de leurs bicyclettes. Le 29 mai 1942, une ordonnance allemande impose aux Juifs le port de l'étoile jaune, et le 8 juillet l'entrée des lieux publics leur est interdite. Toutes ces mesures antisémites trouvent leur apogée dans la décision prise à la conférence de Wansee du 20 janvier 1942 d'éliminer la race juive, décision définie sous le terme de « solution finale ». C'est dans ce contexte qu'est créé le camp de Drancy, dans la partie des bâtiments qui forme un « fer à cheval » appelée « cour d'entrée ». L'ensemble, cerné par des barbelés, est surveillé par quatre miradors. Le camp enferme plus de cent mille Juifs de 1941 à 1944, hommes, femmes, enfants et vieillards. Initié par les Allemands, il est dirigé au départ par un commandant français, une équipe de la police judiciaire et un détachement de gendarmerie exercent la surveillance. À partir du 2 juillet 1943, le Haufsturmführer Brunner prend la direction du camp. La hiérarchie se repose également sur les prisonniers en nommant parmi eux un chef de camp, des chefs d'escalier et de chambrée. Drancy n'est qu'un lieu de passage pour les internés, il