La question kurde
Le Conseil européen de Bruxelles du 17 décembre 2004 a ouvert une nouvelle ère pour la démocratisation et l'établissement des droits élémentaires de plus de 15 millions de Kurdes vivant en Turquie. Symbole de démocratie, l'enjeu européen cristallise tous les espoirs des Kurdes. Peuple sans État, les Kurdes ont été les oubliés du traité de Lausanne de 1923 qui a organisé le règlement de la Première Guerre mondiale. Dans la nouvelle République turque proclamée par Mustafa Kemal, l'usage de la langue et la pratique de la culture kurde ont été réprimés avec force. Dénonçant cette oppression, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) s'est engagé en 1984 dans une guerre de « libération nationale ». Qualifié de « terroriste » par les autorités, il est néanmoins parvenu à placer l'identité kurde au centre du débat public. De nos jours, la Turquie est contrainte d'admettre que l'adhésion à l'Union européenne ne peut se faire sur le déni d'un peuple. Elle se voit notamment sommée d'appliquer une politique de reconnaissance des droits des Kurdes. L'ouverture démocratique et les Kurdes L'essor de la guerre civile dans les provinces kurdes de Turquie a placé la population kurde sous la chape d'un dispositif répressif encadré à partir de 1991 par une « loi antiterroriste ». Le 15 février 1999, le leader du PKK, Abdullah Ôcalan, est arrêté. La cour de sûreté de l'État d'Ankara le condamne le 29 juin à la peine de mort en vertu de l'article 125 du Code pénal pour trahison et séparatisme. Quelques jours plus tard, il lance un appel pour mettre fin à la lutte armée, qui sera immédiatement suivi par ses troupes. La politique d'ouverture de la Turquie vers l'Europe peut alors profiter de cet apaisement. Le gouvernement de Bûlent Ecevit - une coalition avec le Parti du mouvement nationaliste (MHP) - entame des réformes. Le Parlement abolit en août 2002 la peine de mort hormis les situations de guerre ou de menaces