La question prioritaire de constitutionalité
« La question prioritaire de constitutionnalité n’est ni un gadget, ni une réformette, mais une véritable révolution. » a dit Dominique Rousseau lors de la conférence du 16 mars 2010 au conseil constitutionnel reprenant ainsi les termes du doyen Vedel de 1990. Introduite par la révision constitutionnelle de 2008, la question prioritaire de constitutionnalité ou QPC est entrée en vigueur le 1er mars 2010. A compter de cette date, tout justiciable peut, faire vérifier la conformité aux droits et libertés énoncés par la Constitution, d'une disposition législative. Pour ce faire, la juridiction saisie de l'instance examine au préalable si la disposition est recevable auquel cas elle la transmet au Conseil d'Etat ou à la Cour de cassation qui jouent le rôle de filtres et décident ou non de saisir le Conseil constitutionnel. Permettant ainsi à tout citoyen de contester la constitutionnalité d'une loi portant atteinte aux droits et libertés fondamentales énoncés par la Constitution, on peut considérer que cette procédure marque un vrai « progrès de notre Etat de Droit » comme le prévoyait le rapport Balladur en 2007. Dès 1990, une question préjudicielle de constitutionnalité avait été envisagée par Mitterrand dans son projet de révision constitutionnelle du 28 mars 1990 mais le Sénat avait refusé la proposition, arguant qu'un contrôle a posteriori affaiblirait la loi. En 2008, non seulement on met en place cette question mais en plus, on la qualifie de « prioritaire » instaurant ainsi une obligation pour les juges d'examiner d'abord la question de constitutionnalité avant d'examiner celle de conventionnalité. Le contrôle de constitutionnalité a priori empêchait la promulgation de lois inconstitutionnelles. Or, cela ne concerne qu'environ 10% des lois. Désormais avec le contrôle a posteriori permis par la QPC, les lois n'ayant pas été soumises au conseil constitutionnel peuvent, elles aussi, être contrôlées. En ce sens, le