la rationalisation
12Outre le commentaire du livre de Lujo Brentano, il est d'autres réflexions qui, dans les écrits de Max Weber, témoignent de ce rapport finalement extrêmement ambivalent que Max Weber peut entretenir avec la théorie économique. En d'autres termes encore, l'on trouve sous la plume de Max Weber de multiples notations qui engagent une véritable critique de fond – jamais explicitement formulée comme telle – des limites anthropologiques de l'approche utilitariste. Celles-ci concernent au premier chef la notion de rationalité économique. L'intérêt et le calcul ne suffisent pas, remarque d'abord Max Weber, pour garantir un comportement rationnel : encore faut-il que le contexte historique se prête à l'émergence et à la généralisation d'une telle manière de conduire sa vie et ses activités.
13C'est bien l'ambition et le résultat de L'Éthique protestante, dont le premier volet paraît la même année que le texte sur L'objectivité, que de montrer que les phénomènes économiques doivent être analysés autant en termes de rareté qu'en termes socioculturels. On ne comprend pas sinon cette réflexion sur l'idéal de vie du quaker. Celui-ci doit
22 Max Weber,L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme,Paris, Plon, 1964, 341 p., p. 235. No (...) éviter : 1o la vanité du monde, c'est-à-dire toute ostentation, tout usage de colifichets, d'objets sans but pratique ou appréciés pour leur seule rareté (donc par vanité) ; 2o l'usage inconsidéré de son bien, telles les dépenses excessives correspondant à des besoins tout à fait secondaires au lieu de dépenses nécessaires pour la satisfaction des besoins primordiaux et la prévoyance de l'avenir. Le quaker représentait donc une véritable loi ambulante de l'« utilité marginale »22.
Max Weber soutient par ailleurs que la rationalité suppose la lutte de l'homme contre l'homme. C'est pourquoi sa théorie de la formation des prix emprunte aussi bien aux Autrichiens qu'à l'école historique allemande.