La recherche de la musicalité en poésie
Enfin, la recherche de la musicalité contribue également à moderniser le langage employé. A partir de la seconde moitié du XIXe siècle, les poètes accordent de plus en plus d’importance aux sons et à ce qu’ils peuvent suggérer. A l’instar de Verlaine qui dénonce dans son « Art poétique » les « torts de la rime », la plupart des poètes se démarquent des rimes traditionnelles. Même si celles-ci demeurent dans certains poèmes de facture traditionnelle, les poètes n’hésitent plus à leur préférer des rimes internes. Tel est le cas de Laforgue qui crée dans son « Spleen » des échos entre les mots se terminant par la syllabe [wi], ce qui contribue à mettre en relief le thème majeur de son poème consacré à l’ennui. Qui plus est, les termes ne sont plus forcément employés en fonction de leur signification première, mais en fonction des jeux sur les sonorités auxquels ils se prêtent. Le poète contemporain Olivier Salon, dans son poème « S’exercer » met parfaitement en œuvre cette musique intérieure lorsqu’il évoque « les déchets de l’échec délétère ». Enfin, cette recherche de la musicalité incite certains poètes audacieux à s’inspirer des chansons populaires pour composer leurs textes. Si le poème de Baudelaire, présent dans le corpus, donne modestement l’impression d’une chanson par la reprise du distique « Là, tout n'est qu'ordre et beauté, / Luxe, calme et volupté. », d’autres auteurs s’inspirent davantage de la chanson à l’image de Verlaine qui intitule l’un de ses recueils La Bonne Chanson. Loin d’être limitée au XIXe siècle, cette influence perdure au XXe siècle avec Prévert et ses successeurs au point que les frontières entre chanson et poésie paraissent de plus en plus perméables ; c’est du moins l’impression que donnent les textes certains textes contemporains écrits par des artistes qui se réclament du Rap ou du Slam.