LA REFONDATION DU TRAVAIL DANS LE FLUX TENDU par Jean-Pierre DURAND Conférence introductive au Colloque de l’ACFAS en mai 2000 à Montréal.

Les entreprises ont renoué avec les profits depuis plus d'une décennie : les raisons en sont multiples, mais il y en au moins une qui reste incontestable, à savoir la hausse des gains de productivité. On peut alors s'interroger : quels sont les fondements, les sources de ces nouveaux gains de productivité réalisés depuis 10-15 ans ? La première réponse qui vient à l'esprit est la réponse technologique : les technologies de l'information et de la communication (TIC et non pas NTIC, car elle commencent à ne plus être nouvelles!) ont permis, dans l'atelier comme dans les bureaux d'améliorer non seulement la productivité apparente du travail mais aussi la productivité globale, en particulier en raison de la baisse rapide des coûts de la puissance de calcul de la microélectronique. En fait, si les TIC participent à ces gains de productivité, elles n'en sont pas, selon nous, le fondement principal. En effet, dans l'industrie, pour ne prendre que cet exemple, le robot peut remplacer plusieurs OS , mais il n'en remplace jamais autant qu'on veut bien le dire, car le robot exige une présence humaine importante dans son environnement : surveillance, maintenance et main-d'œuvre de manutention pour les palettes, etc. Dans le tertiaire, la bureautique, le microordinateur et l'informatique en général ont considérablement accru l'efficacité des cols blancs, de la secrétaire au cadre ou à l'ingénieur. Mais en même temps, les demandes des directions en volume d'information et en précision de celle-ci ont pratiquement absorbé les gains de productivité du travail de bureau : plus encore le suivi en temps réel des performances exige le traitement d'une quantité toujours plus grande d'information de plus en plus précise. Enfin, la complexification de la production et surtout des échanges réclame le traitement de quantités croissantes