La remise en cause de l'absolutisme
Une critique du pouvoir
• Des allusions ironiques
Dans la dernière partie du texte, des lignes 29 à 44, Montesquieu multiplie les allusions, souvent ironiques, envers la monarchie française.
Tout d’abord par l’évocation des guerres qui ruinent le pays (l. 33-34-35) et des références à la vente des « titres d'honneur » (l.33), titres de noblesse, charges et offices, qui n’ont d’autre fonction que d’alourdir les caisses du souverain
{en renforçant l’administration du royaume. }
Les critiques de Montesquieu portent aussi sur la politique particulièrement dépensière de Louis XIV (l.36-44) : de 1689 à 1715, plus de quarante dévaluations, destinées à faciliter le remboursement de la dette « publique », ont eu lieu. Toutes auront affectées les pauvres du royaume.
• Le roi, habile manipulateur
Ces derniers (les pauvres) sont d’ailleurs présentés par Montesquieu comme les principales victimes du machiavélisme royal. Plusieurs expressions témoignent des facultés de manipulation du monarque (l.36-44), que Rica présente comme un profiteur désireux de s’enrichir. En faisant allusion aux pouvoirs de guérison miraculeux du roi (l. 43-44), Montesquieu s’attaque aux fondements de la monarchie de droit divin. Le roi est un « grand magicien » parce qu’on le croit d’essence divine. L’ignorance est ainsi l’ultime rempart du royaume.
• Une prévision de la Révolution ?
Sous le masque faussement naïf de Rica, Montesquieu discrédite (déprécie) l’image du souverain. Mieux encore, il laisse imaginer à son lecteur, sur le ton enjoué d’une fiction, le « bel embarras » (l.13) que pourrait occasionner le peuple de France « descendu dans la rue » (l. 13).
Comment ne pas voir, derrière cet argument démographique, une vision de ce que sera la Révolution ?
On ne peut douter que le prétendu étonnement de Rica est l’expression d’une mise en garde, c’est un message que Montesquieu adresse aux personnes inconscientes qu’il côtoie chaque jour.