La revolution de mai 68
Même si j’ai vécu intensément mai 68 (en spectateur), ce fût comme une révolte politique et non pas dans sa dimension culturelle de « révolution du désir », tout simplement parce que cette révolution là n’était pas visible, présente seulement à l’état de ferments durant les évènements. Je n’ai donc pris conscience que bien plus tard des conséquences sociales d’un des slogans de 68, « jouir sans entrave ». Le livre de Frédéric Martel, paru en 1996, « Le rose et le noir. Les homosexuels en France depuis 1968 » est la chronique de ces années là. Ce livre n’a pas fait l’unanimité du mouvement gay à sa sortie, l’accueil bienveillant de la presse de droite ayant été jugé suspect par sa fraction gauchisante (menée par Didier Eribon, qui allait écrire quelques années plus tard un essai certes fondamental, mais militant, « Réflexions sur la question gay », le même Didier Eribon , disciple de Bourdieu, qui allait être un de plus violents critiques de Renaud Camus, allant jusqu’à lui interdire, par voie juridique, de le citer dans ses livres !).
Le livre de Martel n’en demeure pas moins le récit le plus fidèle, non militant (et donc parfois critique, ou réservé, par exemple sur la gay pride), de cette période.
Ce livre va aider ma mémoire à relater les grandes lignes de cette évolution que j’ai vécue peu à peu.
Quelle était la situation en 1968 ? L’homosexualité faisait partie de la liste des maladies mentales, et la France, en 1968, venait d’adopter cette classification. Le 18 juillet 1960, l'amendement du député UNR de la Moselle, Paul Mirguet, classait l'homosexualité "fléau social" et donnait au gouvernement le droit de légiférer par décret pour la combattre. Les relations homosexuelles avec les 15-18 ans étaient un délit (contrairement aux relations hétérosexuelles). Il y avait cependant une vie gay, souterraine. Les « tasses » bien sûr, et à Paris Rue Saint Anne, on trouvait plusieurs bars et boîtes que rien ne signalait, il