La Révolution Verte a démarré en Inde en 1966. A la demande de la Fondation Rockefeller, des chercheurs nord-américains avaient préalablement essayé d'acclimater des blés d'Amérique du Nord aux climats tropicaux. La création de ces blés dits « à haut rendement » a valu un Prix Nobel à l'un d'entre eux, Norman Borlaug. Presque simultanément, en Inde, le généticien M.S. Swaminathan mettait au point des riz améliorés. Blé et riz à haut rendement ont rapidement été cultivés en Inde. L'extension des surfaces semées avec ces variétés et leur succès auprès des producteurs ont été extraordinairement rapides dans les périmètres irrigués du Punjab. Cette extension a suivi le développement de l'irrigation dans la vallée du
Gange, puis dans toutes les basses vallées irriguées de l'Inde.
Ce succès s'explique certes par les performances de ces blés et de ces riz en termes de rendements, mais il provient aussi - et peut-être surtout - des politiques agricoles qui ont été appliquées. Tout d'abord, les semences étaient subventionnées, ainsi que les engrais et souvent les produits phytosanitaires. Ensuite, les prix agricoles étaient garantis et stables ; 4 l’achat des récoltes était assuré par l'Etat qui contrôlait ainsi les circuits des céréales et revendait celles-ci dans des boutiques où les prix étaient eux aussi subventionnés. Par ailleurs, les agriculteurs avaient accès à un crédit pour l'achat des semences et fournitures, ainsi que pour les investissements (motoculteurs, creusement de puits et achat de pompes)

En 1994, alors que la grande majorité des spécialistes de la production agricole tropicale comptaient toujours sur la Révolution Verte pour faire face aux besoins du futur, une nouvelle a profondément modifié les réflexions : dans le Punjab, là où la Révolution Verte avait commencé 20 ans auparavant, des signes inquiétants de plafonnement des5 rendements étaient visibles. Très vite, les causes en ont été analysées : salinisation